jeudi 28 mars 2013

Vidéo > le mouvement "yéyé"

Documentaire sur le mouvement culturel et musical "yéyé" !

Voici une vidéo du 30 mai 1961 qui montre bien la mode des jeunes de l'époque, concernant la musique mais aussi plus généralement, toute la société ! Vu avec nos yeux d'aujourd'hui, c'est assez amusant, mais aussi très instructif !




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CONTEXTE HISTORIQUE :

Historiquement, le mot "yéyé" apparaît pour la première fois sous la plume du sociologue Edgar Morin, dans un article publié dans le journal Le Monde, suite à la grande manifestation qui réunit sur la place de la Nation à Paris le 12 juin 1963 près de 200 000 jeunes venus célébrer le premier anniversaire de la parution du magazine Salut les copains (déclinaison papier d'une célèbre émission radiophonique quotidienne d'Europe 1 créée en 1959 par Franck Ténot et Daniel Filipacchi).
Néologisme construit sur le redoublement de l'onomatopée anglo-saxonne "yeah" ponctuant nombre de chansons rock de l'époque, le mot "yéyé" - passablement péjoratif à l'origine (il s'agissait à travers lui de dénoncer l'inanité d'une "sous culture" jeune vide de sens) - fut très rapidement repris et récupéré par les acteurs du mouvement qu'il entendait dénoncer, et servit bientôt à regrouper et définir tout un groupe d'artistes n'ayant souvent en commun que d'être jeunes et de chanter en Français des adaptations plus ou moins inspirées de grands classiques du rock anglo-saxon. Soutenus (si ce n'est fabriqués de toute pièce) par des médias (radio, TV, presse magazine) découvrant par là même leur nouveau pouvoir, des artistes comme Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Claude François, France Gall, Richard Anthony, les Chaussettes Noires ou Françoise Hardy sont les icônes emblématiques de cet âge d'or de la variété française - le mouvement yéyé demeurant sans équivalent en terme d'engouement populaire dans toute l'histoire de la chanson hexagonale. Car finalement la qualité de ces chansons bubble-gum, aux textes insipides et aux mélodies sucrées, compte peu. Même si d'un strict point de vue musical le mouvement yéyé n'offre du rock anglo-saxon qu'un pâle décalque (toute la dimension potentiellement subversive de cet art adolescent est alors systématiquement gommée ou édulcorée dans des adaptations françaises consensuelles), c'est toute une classe d'âge jusqu'alors invisible qui à travers lui se révèle soudain à elle-même, en se projetant dans l'insouciance et la fausse insolence de ses nouvelles idoles. Cette déferlante du rock dans le champ de la culture populaire française est le premier signe de l'émergence d'une pop culture mondialisée dans laquelle toute la jeunesse occidentale va bientôt se reconnaître.
Le mouvement yéyé, phénomène essentiellement français et passablement artificiel, va très rapidement s'effilocher au fur et à mesure que les véritables amateurs de musique auront accès aux disques anglais et américains originaux et qu'une jeunesse nouvelle, plus engagée et politisée verra le jour. Les événements de mai 68 mettront un terme définitif à cette esthétique insouciante et béate, même si de nombreux artistes liés au mouvement yéyé continueront par la suite leur carrière.

TRANSCRIPTION :

(Musique)
Albert Raisner :
La jeune fille a dix-sept, dix-huit ans. Elle est vendeuse dans un magasin ou peut-être étalagiste ou encore dactylo ou manucure. Elle se prénomme Martine ou bien Chantal, ou Corinne ou même Ivane.
(Musique)
Le garçon, lui, a dix-huit, dix-neuf, vingt ans peut-être, mais il n'a pas fait son service militaire. Il est garçon coiffeur, ou bien aide-comptable ou dessinateur. Ses prénoms sont Daniel, Serge, Gaby. Il est passionné de rock and roll. Il aime les appareils à jetons, les jukebox.
(Musique)
Garçons et filles aiment se retrouver entre eux et de préférence entre eux seuls dans des endroits où ils forment une ambiance très fermée, pour ne pas dire hostile à tout ce qui n'est pas résolument jeune.
(Musique)
Nous vous invitons à suivre cette jeunesse en plein cœur de Paris, au club du Golf-Drouot. Nous avons pu installer nos caméras en essayant de ne pas trahir cette ambiance « âge tendre et tête de bois ».
Eddy Mitchell :
[(...) Crois-moi tu ferais mieux d'apprendre à travailler
Car dormir n'est pas un métier
Yé, yé, yé, yé alors sois-bon
Eddie sois bon, sois bon
Oh Eddie sois bon, sois bon
Eddie sois bon, sois bon
Eddie sois bon, sois bon
Eddie sois bon
De retour, tu chantes pendant des heures
Je plains tes voisins, je les plains de tout coeur
Tu es de ces gens qui n'ont pas de soucis
Quand tu as du chagrin, tu le noies au whisky
Rien ne t'intéresse car tu as décidé
De prendre les choses du bon côté
Yé, yé, yé, yé alors sois bon
Eddie sois bon, sois bon
Oh Eddie sois bon, sois bon
Eddie sois bon, sois bon
Eddie sois bon, sois bon
Eddie sois bon
(Musique)
Eddy Mitchell :
Ta fiancée t'attend car sans toi elle s'ennuie
Ne la délaisse pas, essaye d'être gentil
Avant de l'emmener dans tes surprises parties
Tu pourrais tout au moins lui demander son avis
Puisque tu l'aimes tant, aime-la pour la vie
Va faire un tour à la mairie
Yé, yé, yé, yé alors sois bon
Eddie sois bon, sois bon
Oh Eddie sois bon, sois bon
Eddie sois bon, sois bon
Eddie sois bon, sois bon
Eddie sois bon].
(Applaudissements)
Albert Raisner :
Bravo les Chaussettes Noires ! Bravo Eddy Mitchell !



Retrouvez plus d'informations ici, sur le site Jalons pour l'histoire du temps présent de l'INA (institut qui archive toutes les images de la télé française).

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